Araignée au jardin - Mot-clé - Hipster - Commentaires2020-03-30T06:26:27+02:00Araignéeurn:md5:2ec3c672919f42a41b5be4a1b780cb4cDotclearLes bourgeois #3 - Araignéeurn:md5:2922382c7f6943afc4b5887cd84d2d052016-05-19T14:46:52+02:002016-05-19T13:46:52+02:00Araignée<p>Eh bien oui, en fait, quand je vais en Bretagne (lieu où je vais le plus souvent quand je ne suis ni à Bordeaux, ni dans une autre grande ville) je trouve ces codes beaucoup moins présents. En Charente où je vais toutes les semaines, pareil. D'ailleurs les seules personnes de mon groupe d'amis de lycée (de petite ville) qui utilisent Instagram sont celles qui vivent aujourd'hui à Paris et à Londres (et moi, à Bordeaux). Pas que je veuille focaliser sur Instagram, mais bon ces personnes se trouvent comme par hasard être aussi les plus "branchées" de la bande, avec des goûts esthétiques assez similaires et une attention portée à l'apparence beaucoup plus grande que les autres (ce qui n'est pas un défaut en soi !).<br />
Bien sûr qu'on peut fréquenter des gens qui ne sont pas totalement pris là-dedans. D'ailleurs, je suis absolument certaine que si on prend la peine, et qu'on a la possibilité, de rencontrer les plus caricaturaux des hipsters, on se rend compte qu'en fait ils sont loin de n'être que ça, qu'ils ont leur personnalité propre, qu'ils sont passionnants dans leur singularité. Seulement, quand j'utilise la ville comme je le fais, je n'ai pas la possibilité de rencontrer ces gens, et donc tout ce que je vois ce sont ces apparences, cette uniformité. Après, c'est peut-être moi qui ne sais pas faire, mais franchement je ne crois pas que ce soit la seule raison. Je pense vraiment que la grande ville (certaines plus que d'autres) induit ça.</p>Les bourgeois #3 - Blandineurn:md5:7e4752859854ba5c6a230443d9505ad92016-05-19T13:49:43+02:002016-05-19T12:49:43+02:00Blandine<p>Tu trouves, toi, que dans d'autres endroits (plus petites villes/campagnes), ces codes se relâchent ? (sincère question)<br />
Parce que moi je trouve qu'au contraire, ces codes (j'appelle ça "la documentation de la vie", ce que tu appelles "se regarder vivre entre-soi" mais c'est pareil, c'est justifier de toute son appartenance à un groupe tout le temps par photo/écrits/mode vestimentaire/mode alimentaire, bref) donc ces codes se retrouvent de plus en plus partout, même dans les campagnes/petites villes, sûrement par l'effet "on va montrer qu'on est pas (que ?) des bouseux" (je caricature).</p>
<p>En revanche, ce que tu ressens dans d'autres lieux, je le ressens moi dans un autre âge (ce relâchement). En gros, plus "on" (mes potes, moi, mes frères, mon entourage proche) vieillit et moins on se focalise sur l'image et sur le partage de la documentation faite de notre vie. Quand on part en week-end tous ensemble, je ne suis clairement pas la seule à prendre des photos. Mais je suis souvent la seule à en poster sur les réseaux sociaux. Plus on vieillit, plus on s'en fout, en gros. (d'aimer la même chose que tout le monde - ironiquement ou pas/de partager/ de se justifier/ de l'image qu'on renvoie/ de prouver quelque chose).</p>
<p>Après, je ne sais pas si c'est particulièrement vrai pour notre quartier, mais je trouve quand même qu'il n'y a pas à aller bien loin pour trouver des gens différents ; pour moi il suffit de trouver des gens plus vieux. (évidemment c'est une opinion très personnelle).</p>Les bourgeois #3 - Araignéeurn:md5:ccfc7669efceae312b371736f7d5fa8d2016-05-19T11:35:54+02:002016-05-19T10:39:36+02:00Araignée<p>Blandine > Je ne cherche pas à différencier les gens "comme moi" des bobos/hipsters. Je pointe une tendance que je n'aime pas, tout en indiquant que j'y participe, puisque je fais partie de ce groupe (mal défini). Ce que je dis, c'est que justement j'aimerais rencontrer plus de gens "pas comme moi" dans ma vie quotidienne, afin de sortir de cette impression de mariner dans l'entre-soi. Du reste, je travaille dans une autre région et mon travail me permet de rencontrer des gens tout à fait différents (entre eux, et de moi), mais ça ne me suffit pas, j'ai besoin de ça au quotidien et y compris là où je vis. En fait j'ai l'impression que là où on vit, on se regarde un peu trop vivre. On ne se contente pas d'avoir le meuble vintage (peu importe d'où il vient d'ailleurs, je n'ai rien contre acheter des vieux meubles et les retaper) : on en poste une photo sur Instagram, pour schématiser. Peut-être que je suis naïve, mais quand je vais dans d'autres lieux, ou dans de plus petites villes, je ressens un relâchement de ces codes, qui ne sont peut-être pas absents mais ils sont plus discrets, et l'importance de l'image me semble moins grande (je le ressens jusque dans mon corps, je suis moins complexée par exemple).</p>
<p>xave > C'est exactement ça. En fait j'ai l'impression d'étouffer dans cette répétition des mêmes codes et tendances, y compris parce que je les retrouve à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de moi-même. Donc partir, ça veut dire m'arracher à cet environnement au moins autant qu'à ce qu'il produit ou accentue en moi.</p>Les bourgeois #3 - xaveurn:md5:dd1881590d1eefece3161ce2a3ad0ead2016-05-19T10:10:37+02:002016-05-19T09:10:37+02:00xave<p>Je suis allé l'autre jour dans un café que je fréquentais beaucoup à une époque et où je n'avais pas mis les pieds depuis longtemps. Il a été entièrement refait pour ressembler à ce qu'il était avant, mais en version propre et aseptisée. La première réflexion qui m'est venue à l'esprit, c'est que décidément, j'aimais mieux l'endroit avant qu'il ne soit un bar à hipsters. La seconde, c'est que la première faisait de moi une espèce de méta-hipster. Comme quoi, pour paraphraser le vieil adage : on est tous le hipster de quelqu'un.</p>Les bourgeois #3 - Blandineurn:md5:720cebb9436e48398a323b672516a4172016-05-19T09:31:44+02:002016-05-19T08:31:44+02:00Blandine<p>Je te lis et je me faisais la réflexion que je n'arrivais pas bien à catégoriser ce qui est "bobo" ou "hipster". Les tables en formica, les verres duralex et les lettrages vintage sont "à la mode" et pas seulement dans certains milieux, ikéa regorge de nouvelles tables à trois pieds, et le marché "hipster/bobo" ne me semble pas forcément se fournir chez ikéa. Cette mode est pour moi l'expression d'une génération assez jeune (~30 ans) et éduquée/instruite et pourtant tournée vers le passé, avec une nostalgie d'époques qu'ils n'ont même pas connues, parce que c'était bien "avant" et la vie était plus simple "avant" et les meubles étaient moches mais fonctionnels et solides et cette fonctionnalité et cette solidité rassurent dans un monde économique où plus rien n'est solide (la preuve sur une machine à laver qui lâche beaucoup trop rapidement et qu'on ne peut réparer qu'au prix d'une machine neuve). J'ai du mal à faire la distinction entre les "bourgeois bohèmes" qui achètent cher de vieux meubles pour les retaper dans un souci écologique (= on a de l'argent mais on ne veut pas vivre par l'argent, notre bourgeoisie est "éclairée") et des gens (comme moi) qui reprennent des vieux meubles de famille retapés parce qu'à une époque on avait pas une thune et que maintenant qu'ils sont là, ils sont là et ils sont plaisants à l'œil (dans la limite subjective de mon esthétique). De même, j'ai du mal à faire la distinction entre le hipster à moustache qui la porte avec ironie pour se moquer gentiment de Papa et mon mec qui a grandi dans les années 85-90 en pleine époque Nirvana et qui adore mettre des chemises à carreaux parce qu'elles sont attachées à des souvenirs émus et sublimés d'adolescence grunge totale. Les deux positions n'étant pas excluantes et incompatibles.<br />
Alors, en ce qui concerne notre quartier, je crois simplement que, composé majoritairement de blancs aisés, ces derniers suivent une mode qui leur plaît (c'est le propre d'un courant, quand sa caractéristique principale plaît à une majorité de personnes ; c'est une mode) peu leur important la catégorisation bobo ou hipster.</p>
<p>Pour ma part, j'ai résolu l'inadéquation entre la vie "réelle" et la vie de quartier gentrifié dans lequel je vis en choisissant de faire garder ma fille dans un quartier plus populaire et en travaillant dans un quartier plus touristique, me voilà avec mes trois quartiers, à la conjonction de tous les mondes possibles. Le seul dommage que j'y vois c'est que, pour y parvenir, il a fallu que ce soit une démarche consciente et réfléchie de ma part plutôt qu'un état de fait établi par une meilleure politique urbaine.</p>
<p>Voilà.</p>