Petite contribution à l'avancée des connaissances en psychologie féminine de comptoir
Araignée||jeudi 31 juillet 2008||15:17 ||Lien permanent
Préambule : Xave a écrit ici un post qui a suscité ici un autre post de Mitternacht, auquel Xave a répondu là.
Tout ça m’a donné envie d’y ajouter mon grain de sel, parce que ça me parle, même si je ne me reconnais pas dans la situation particulière d’Henriette et Firmin, ou de Xave et Julie. Ces deux situations me font en fait penser à un problème beaucoup plus général, que j’ai rencontré notamment lors de discussions avec des filles. On va donc faire des grosses généralités, tout en gardant en tête que tout le monde est différent blablabla. Quand je dis les filles
, ne venez pas hurler à la généralisation abusive : je ne cherche pas à établir des lois sur le fonctionnement des filles, mais à relever un système que j’ai souvent observé, même s’il se manifestait toujours de façons différentes.
Pour finir avec les bémols en vigueur lorsqu’on se lance dans ce genre de réflexion : je ne connais pas Xave, je ne connais pas Julie, loin de moi l’idée de donner une explication sur ce qui leur est arrivé. Je me sers juste de ces posts comme point de départ.
On dit souvent que les filles sont insatisfaites et contradictoires. En fait, j’ai l’impression que les filles croient savoir ce qu’elles veulent, et lorsqu’elles l’obtiennent, elles se rendent compte que ce n’était finalement pas ça qui leur manquait.
Pas mal de filles réclament de l’attention de la part de leur copain, se plaignent qu’il ne les appelle pas, voudraient qu’il soit toujours là, etc. Or, si le copain se met à devenir un peu plus présent, elles ont envie de se barrer en courant.
C’est un peu, au fond, ce qu’on retrouve chez l’Henriette et le Firmin de Mitternacht : Henriette réclame les attentions de Firmin et refuse qu’il désire ailleurs, mais dès qu’il cesse de désirer ailleurs, elle n’en veut plus.
C’est là que les hommes doivent résister, ne pas se laisser bouffer. Non seulement pour leur propre survie, mais aussi parce qu’au fond, c’est ça que veut la fille : que le mec lui prouve qu’elle n’est pas tout pour lui, et qu’il n’est pas prêt à céder à ses caprices, à tout sacrifier pour elle.
Comme tout le monde, la fille a besoin de manque pour désirer. Si son mec fait tout pour elle, s’il répond à toutes ses demandes, s’il les prend au pied de la lettre, il va s’apercevoir qu’il s’est trompé. C’est l’histoire, racontée par un prof, de la fille qui dit à son amant : Mords-moi !
Le type s’exécute et se fait hurler dessus. Il cherche à réaliser le fantasme : c’est là qu’il se plante. Car réaliser son fantasme, c’est abolir tout manque, c’est la mort de tout. Au fond, on passe notre temps à adresser à l’autre des demandes dans l’espoir qu’elles ne soient jamais satisfaites.
La femme se trompe en croyant savoir ce qu’elle veut ; l’homme se trompe en croyant que pour la satisfaire, il doit répondre à sa demande. Voilà comment on se rate.
Commentaires
J'ai tout lu (il crève de chaud ici, j'arrive pas à dormir).
J'en ferais pas un post sur mon blog, mais voici ce que j'en pense. Je suis assez d'accord avec la conclusion de Mitt'.
Mais je serais plus nuancé quant à tes interprétations. Tu dis "les filles" (oui, je sais, t'as anticipé ça, mais je vais le dire à ma manière quand même), mais je reconnais plutôt là le comportement de "personnes immatures" (parce que des mecs se comportent comme ça aussi, et qu'on dépasse ce genre de comportements avec l'expérience, je crois).
Je suis d'accord avec ce que tu dis dans ton 3ème paragraphe. A la nuance près que je généraliserais en disant que se trahir pour plaire à l'autre est le meilleur moyen de se planter (mec ou nana).
Pour tes 2 derniers paragraphes, je reconnais là la marque du dogme psychanalytique (tu mérites ton statut de "freudienne" du test fessebook). Je dirais même que pour le dernier paragraphe Lacan aurait pu l'écrire tellement c'est joliment écrit mais que ça ne veut rien dire. :-)
Trêve de sarcasmes. Je parlerais plutôt de trahison de soi, plutôt que de "réalisation de fantasmes". Cette histoire de "fantasmes-qu'on-aurait-dû-laisser-en-manque" semble pour moi louper le coche.
Enfin bref, c'est du blabla tout ça, pas vrai ?... :-)
Zel > et pourtant... c'est exactement ça :) Une fois j'avais lu dans un ouvrage de référence, Glamour, la liste des choses dont on a super envie tant qu'elles sont pas arrivées en vrai. Bien placé dans le top 10, "votre copain qui vous appelle 5 fois par jour" (y avait aussi "la gastro qui fait perdre 3 kilos en 48h" mais ça c'est autre chose).
Tout ça vient selon moi d'une bête erreur d'interprétation. Ce n'est pas "la chose" que l'on recherche, c'est l'émotion qu'elle génère. Et souvent, l'émotion la plus aigüe vient de l'attente de la chose, et non de la chose elle-même. Surtout que souvent on se rend compte qu'en fait non, la chose ne générait pas du tout cette émotion. Comme dirait le grand philosophe Fox Mulder, la vérité est ailleurs.
La vache je déchire sur les refs aujourd'hui
Mitt' > Oui mais là contradiction est là : comment quelqu'un peut-il savoir que la réalisation de son fantasme l'amènera à la déception (ou au contraire au plaisir) ?
C'est en l'expérimentant.
Maintenant, comme tu dis, si la réalisation du fantasme mène à la déception, ben l'émotion que le fantasme générait est perdue. Mais est-ce bien grave ? (je sous-entends par là qu'on peut passer à autre chose)
Aussi, l'émotion de "l'attente de la chose" ne s'allie-t-elle pas avec aussi une frustration que le fantasme ne soit pas réalisé ?
Bref, je pose la question : vaudrait-il mieux garder ses fantasmes inassouvis avec lé bénéfice du doute quant au plaisir qu'il procure, ou alors le réaliser (en prenant le risque d'être déçu) ?
ZEL > Prendre les choses par le mépris en disant "de toute façon c'est du blabla" et en accusant l'autre d'être soumis à un dogme, c'est bien trop facile et ça ne marchera pas.
D'ailleurs, lorsque tu dis 'Je parlerais plutôt de trahison de soi, plutôt que de "réalisation de fantasmes"', je réponds : l'un n'empêche pas l'autre. Je parle justement de quelqu'un qui se trahirait pour répondre au fantasme de l'autre, et qui se rendrait compte qu'il s'est doublement planté parce que 1° il en sort malheureux, 2° c'était finalement pas ça qu'il fallait à l'autre.
Pour répondre à ton second commentaire : je ne parle pas tellement "des fantasmes", du genre faire l'amour dans un ascenseur, que "du fantasme", au sens du "fantasme fondamental", inconscient, qui fonde l'être ; après, les fantasmes au sens d'"envie de faire ceci ou cela", c'est plutôt anecdotique.
Ce que je veux dire, concrètement, c'est que faire l'amour dans un ascenseur ne va pas t'anéantir, mais faire l'amour avec ta mère, si (je fais de la grosse provoc' mais en gros c'est ça).
Pour en revenir à la situation qui nous a amenée jusqu'ici : vouloir que ton mec soit tout pour toi, c'est de l'ordre du fantasme fondamental, ça vient du plus profond de ton être, de ton enfance etc. ; qu'il t'appelle toutes les cinq minutes, c'est de l'anecdote, mais ça peut être dangereux dans le sens où ça va venir traduire dans la réalité ton fantasme (vouloir qu'il soit tout pour toi). Mais évidemment, ça ne suffit pas à faire s'écrouler tout : c'est un tout, une attitude générale.
Je tiens quand même à préciser qu'ici, j'expose la manière que j'ai de voir les choses ici et maintenant. N'allez pas croire que je parle au nom de la psychanalyse : évidemment ma réflexion est formée par ça, mais ce qui est intéressant là-dedans, c'est que notre vision des choses change tout le temps et qu'on ne peut prétendre être fidèle à "la théorie psychanalytique", qui est multiple. C'est justement, à mon sens, ce qui la sauve du dogme.
ouais ben qu'ils deviennent célibataires, ça leur remettra les yeux en face des trous. et d'ailleurs notons que même célibataires les nanas font exactement la même connerie (et je ne m'excuse pas pour la généralisation, tout le monde est pareil c'est comme ça).
Oups, je pensais pas que tu prendrais mes piques au sérieux. Désolé pour ça. :-)
J'étais pas méprisant quand j'ai parlé de "dogme", juste un poil taquin.
Sinon pour le fantasme, je comprends de quoi tu parles et je le voyais de la même manière. Et je crois que ça revient au même.
Pour ton dernier paragraphe, je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu entends par "multiple".
Bref, voilà plutôt comment je vois le truc : quand Firmin a changé de comportement pour correspondre aux désirs de sa nana, il a commis deux erreurs :
1- Il ne pouvait jamais combler sa nana vu que ce qu'elle demande est impossible. On ne peut pas appartenir à quelqu'un.
2- Il s'est trahi lui-même en se forçant à faire des choses qui n'étaient pas dans sa nature (et c'est ça qui a détourné Henriette de lui car elle l'a jugé faible).
D'un autre côté, comment pouvait-il savoir que ça se passerait aussi mal ?
Du côté de la nana, si elle voulait avoir son mec tout pour elle, pour moi ça relève de l'ordre du fantasme irréalisable. Alors, à moins qu'elle supporte la frustration de ne jamais voir ce fantasme se réaliser, cette histoire ne pouvait que mal se terminer pour leur couple.
Et étant donné que ce fantasme est irréalisable, je pense que le moyen pour elle de s'en défaire, c'est d'en connaître la source et d'en faire le "deuil" (façon de parler).
Donc, si j'ai bien compris, là où nos point de vue divergent, c'est que pour moi, elle l'a largué non pas parce qu'il a réalisé son fantasme à elle, mais parce qu'en se trahissant, elle l'a senti faible et s'en est détaché (les femmes n'aiment pas la faiblesse).
Qu'en pensez-vous ?
Monsieur recul > On en a déjà parlé, je suis d'accord que beaucoup de gonzesses - mais de mecs aussi d'ailleurs - croient savoir ce qui leur faut. C'est oublier que la rencontre, ça ne se fait pas qu'au niveau superficiel de "je veux un mec beau, attentionné, intelligent, etc." C'est le problème du site de rencontres : on met des critères sur ce qu'on recherche, sauf qu'on tombe rarement amoureux du type qui correspond pile à ça.
ZEL > Non, on diverge pas vraiment là-dessus : la nana - celle dont on parle ici, elle n'aime effectivement pas que son mec lui cède en tout, elle a besoin de voir qu'il lui résiste. C'est bien ce que je dis : s'il lui résiste, c'est qu'elle n'est pas tout pour lui, qu'il ne colle pas complètement à ce qu'elle veut - oublions le terme "fantasme".
Et par "multiple", j'entends que la psychanalyse c'est pas les maths, il n'y a pas qu'une seule manière de la voir, de la comprendre, de l'enseigner ; il y a autant de conceptions de la psychanalyse que d'individus, à mon avis. (Les maths aussi, hein, mais je veux dire par la que la psychanalyse n'est pas une science exacte).
Ce qui est marrant, c'est que je pensais pas vraiment parler psychanalyse en écrivant ce post ; j'ai juste introduit le terme de "fantasme", mais je pensais pas qu'on irait si loin :)
Non mais au secours.