Aujourd’hui, c’est la rentrée. Je débarque dans mon institut et découvre les nouveaux visages. Tous mes potes sont diplômés, je ne connais personne. J’ai l’impression d’être retournée en seconde, dans mon nouveau lycée. Je suis nouvelle dans une fac que je fréquente pour la septième année. C’est une façon comme une autre d’entamer une année qui s’annonce difficile sur tous les plans.

Je m’asseois à côté de cette fille, que je connais de vue parce qu’elle est dans ma promo depuis le début. Tiens, elle aussi a pris un an de plus que les autres pour en arriver là. Elle était l’objet de gentilles moqueries à propos de sa coupe de cheveux, on l’appelait Jeanne d’Arc ; je me demande si elle le sait. Je ne connais personne, elle non plus, mais je ne vais quand même pas commencer à lui parler au bout de six ans sous prétexte qu’on est seules toutes les deux et qu’elle a changé de coiffure.

C’est la reprise. Le directeur nous fait rire, il fait son show, il balance sur tout le monde — les Québécois, les diplômés qui ne trouvent pas de travail, les comportementalistes. On le connaît, il aime bien ça. Nous aussi. On le retrouve cet après-midi pour le premier cours: c’est parti.