Hier je me suis retrouvée, je ne sais trop comment, dans une maison inconnue à fabriquer des biscuits de Noël à l’aide d’emporte-pièces mignons en forme d’étoile filante, d’ours ou encore de fleur. Autour de moi des mères parfaites ainsi qu’un père sans doute non moins parfait parlaient allemand tout en enfournant des plaques de biscuits et je ne comprenais strictement rien à ce qu’ils racontaient malgré mes sept ans d’apprentissage. Une fille à lunettes en pleine période de latence (vous voyez ce que je veux dire) parlait avec les adultes tout en décorant les biscuits à l’aide de tubes de couleurs et de glaçage blanc, tandis que les enfants plus jeunes, lassés de tripoter la pâte et d’en foutre partout, jouaient aux Indiens dans la chambre à côté, sauf le bébé qui éructait en traînant sur le sol, au milieu des Spiegel et autres Brigitte.

Tout ce petit monde se retrouve tous les mercredis dans cette cuisine rutilante où de beaux gâteaux avec des motifs en sucre glace n’attendent qu’à être mangés accompagnés d’une variété impressionnante de jus de fruits et de bonbons pour les enfants.

Je me suis sentie complètement en décalage dans ce tableau parfait d’expats épanouis, me demandant ce que je foutais là et les écoutant rire sans comprendre pourquoi.

Quand mon pote m’a dit sur Twitter « Ta vie prend une tournure étrange », ça m’a bien plu et je me suis dit qu’il faudrait creuser ça.