Oh là là, il s’en est passé des choses ! D’abord, j’ai regardé par la fenêtre le printemps arriver, et je suis sortie sur la terrasse pour faire mes semis et regarder pousser — ou ne pas pousser, la nature est capricieuse — les petites pointes vert tendre. Ensuite je suis partie à New York, j’ai un peu eu les larmes aux yeux en découvrant, depuis l’avion, cette terre que je savais depuis toujours être là sans avoir jamais posé le pied ni les yeux dessus ; j’ai rencontré, découvert, pris de mauvaises photos de, goûté, senti choses et gens. Après, je crois que c’était après, mais ça n’a rien à voir, j’ai compris que je voulais partir de Bordeaux, et d’ailleurs je me rappelle l’avoir dit à Kozlika et Franck cette fois où leur tour de France a croisé mon chemin. Entre-temps (pardon pour la précision, mais bon, dans la vie, les moments se suivent, se chevauchent, d’entremêlent, se rétroactivent), j’ai trouvé un travail et ça m’a sorti la tête de l’eau. Puis l’été est arrivé, j’ai cueilli des fraises sur la terrasse et des cerises chez So, j’ai humé les roses, j’ai passé de belles vacances à voir des êtres chers, Vlad et moi avons décidé de nous marier, l’été est reparti si vite et maintenant me voilà assise dans le fauteuil de ma grand-mère, chez moi, à regarder l’hiver arriver et la pluie mouiller les vitres. Le thé fume, la bruyère sur le rebord de la fenêtre a remplacé les petites salades.

Tout est bien.



New York - Saint Pabu