Hippocampe

(Hippocampe, Diane Latrille)

Elle dit : « Un jour, dans la mer, j'ai rencontré un hippocampe. J'ai mis la tête sous l'eau, les yeux ouverts, et on est resté un moment comme ça, à se regarder. Il n'a pas bougé ! »

Elle se tait. Elle regarde ailleurs, elle est ailleurs, elle est là-bas. Moi, je suis restée ici, mais elle m'a oubliée. Je la regarde regarder l'hippocampe. Elle le regarde et il la regarde, et le temps s'arrête, là-bas dans la mer, ici dans sa chambre, je les vois se figer, immobiles dans le mouvement perpétuel de l'océan, elle les joues gonflées et les narines pincées, ses cheveux de jeune fille dansant autour de son visage, lui dressé, sur le qui-vive, leurs deux regards pour un instant prolongé fixés l'un à l'autre, union fugace entre deux mondes.

Rêveuse, elle murmure pour elle-même : « Il faisait bon là-bas... »