Elle me l'a tendu pour que je le prenne, petit paquet de chair, petit animal fouisseur.

Je l'ai longtemps tenu contre moi, effleurant distraitement, tout en discutant, ses contours, prenant la mesure en passant de sa petitesse, de sa minusculité (l'occasion m'autorisant à inventer un substantif), riant de sa forme de crapaud, ovoïde d'où partent deux jambes repliées.

Il dormait. Ou peut-être pas. Il était encore dans cet état où l'on ne sait pas bien s'ils dorment, s'ils sommeillent, s'ils se retirent en eux-mêmes ou s'ils se reposent. Bref, quand ils ne font que pioncer, écraser, roupiller, ronquer. Sauf quand ils pleurent.

Je l'ai tenu, admirant ses couleurs, ses formes, sa tendreté. Comme une entrecôte. Tu m'étonnes que je sois devenue végétarienne.

Je l'ai aimé, déjà, mais j'ai gardé mes distances, on ne se connaît pas encore. J'ai senti contre moi le poids de ce petit paquet de chair, qui bouge, qui vit, qui est chaud et qui soupire doucement.

Quel miracle.