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Mot-clé - Bordeaux

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jeudi 22 octobre 2015

Instantanés : Le miroir d'eau

(Soundtrack)

Le soleil éclate partout, éclabousse tout, de la rivière à gauche qui brille aux façades monumentales de la place à droite, des trois grâces qui occupent son centre à la surface de l'eau du miroir qui la reflète. Nous n'étions pas préparés, nos yeux n'étaient plus habitués, et ils clignent douloureusement pour ne rien rater du spectacle. Sur les quelques marches qui montent vers le miroir d'eau, des touristes sont assis en grappes, bavardant, mangeant, se reposant ou ne faisant rien d'autre que de s'emplir de soleil et de beauté. Au-delà, l'architecture de la place, sa perspective, sa majesté arrogante qui vous crache sa perfection au visage, se déroulent au regard, au fur et à mesure de la marche, comme dans un travelling étudié pour le piéton qui passe entre la Garonne et la surface scintillante du miroir, sur lequel se tient un homme seul. Il a un bandeau blanc noué autour de la tête. Pas très grand, brun, habillé de sombre, il est droit, concentré, bien campé sur ses pieds au milieu de l'eau. Le visage baissé sur le côté, il regarde ou ne regarde pas la pellicule liquide dans laquelle baignent ses pieds. De loin il a l'air asiatique mais peut-être que ce sont son bandeau et sa posture de ninja qui convoquent des clichés. Il se tient, immobile, au milieu de la surface qui frémit sous la brise et qui pétille d'éclats de lumière. Il semble avoir oublié le monde autour de lui.

Les yeux clignotants qui se repaissaient sans vergogne de la ville se sont laissé distraire et sont maintenant fixés sur la silhouette qui est là, qui revendique tranquillement l'espace, qui à elle seule occupe le champ. Il ne fait rien. Il ne fait rien mais il est inhabituel, immobile et silencieux, osant être simplement là, et ainsi faire concurrence au colossal paysage minéral, alors peu à peu les regards se tournent vers lui. Sans qu'aucun bruit n'ait été émis, sans qu'aucun mouvement n'ait été amorcé, une à une les conversations s'interrompent. Les yeux magnétisés s'ancrent à sa silhouette compacte et attendent.

Il étend le bras, lentement, dans un geste amorcé pour lui seul, concentré, recueilli.

Tout le monde regarde, et attend.

samedi 12 septembre 2015

Ta gueule, Bukowski

(J'ai décidé que quand j'aurais pas d'idée de titre, je mettrais une phrase entendue quelque part qui me fait marrer.)

Ce post ne parle pas de Bukowski.

Hier, j'ai fait un truc que je ne pensais pas faire un jour. Si on m'avait dit que je ferais cette chose, j'aurais ri bien fort en faisant toc-toc avec mon doigt sur ma tempe. Et pourtant, je l'ai fait. Vous repenserez à cette histoire la prochaine fois qu'on vous parlera de la collaboration.

J'ai fait la queue pendant plus de deux heures pour acheter des tacos à un food truck.

Le rouge me monte aux joues en l'écrivant, parce que ceux qui me connaissent bien savent que : je suis contre attendre (oui, contre) ; je me mets très vite en colère, surtout quand je perds mon temps ; je me mets très vite en colère, surtout quand j'ai faim ; j'exècre les trucs fooding-branchouille moutonniers, et le camion de tacos représente à peu près la quintessence du truc fooding-branchouille moutonnier, d'ailleurs sur le comptoir les patrons avaient fièrement mis en évidence l'article du Fooding à leur gloire.

Faim + attente + concept tendance surfacturé = j'étais à deux doigts de manger un hipster.

Notez, les files des camions de bagels et de burgers n'avançaient pas plus vite. (Je ris encore en repensant à la bouffe locale promise sur le site du festival.)

Deux heures, donc. Pour bouffer des putains de tacos. Et quand j'ai finalement été servie, y'en avait plus. Donc j'ai mangé une quesadilla. Assise dans la poussière juste à côté du food truck.

#FAIL

Ajoutons à cela que la première heure s'est passée à endurer le concert de Tiken Jah Fakoly. (Qui est ce type ? Le fond de commerce du mec, c'est de venir devant un parterre de Blancs pétés de thunes à un festival écolo de droite pour répéter, le long de ce qui semble être une seule et unique interminable chanson tant elles se ressemblent toutes, que l'Afrique est exploitée, et d'encaisser le cachet, c'est ça ?)

La seconde heure s'est passée à louper un autre concert qui avait l'air bien.

Donc voilà, j'ai appris un truc hier : que le concert soit navrant ou bon, figurez-vous qu'il y a mieux à faire que de le passer à piétiner dans une file d'attente qui n'avance pas et à flipper en voyant les propositions de la carte être barrées de l'ardoise au fur et à mesure des ruptures de stock.

Évidemment, j'ai bien failli me barrer en insultant tout le monde environ beaucoup de fois, mais voilà :

— Toute sortie du site étant définitive, pas moyen de sortir pour acheter un truc ailleurs.

— Le billet était cher, donc ça faisait un peu braire de partir sans avoir rien vu.

— Tout ceci ne m'aurait pas empêché de démissionner de ma 785è place dans la queue, si on n'avait pas déjà acheté un tas de jetons pour des consos, jetons évidemment non remboursables, donc ça aurait fait VRAIMENT cher la soirée à pas bouffer et pas voir de concert.

Ne pas manger n'était pas une option (faiblesse post-running), et les trois autres pauvres food trucks étaient tout aussi débordés. Pendant ce temps, après avoir fait une demi-heure de queue pour acheter ces putains de jetons, Vlad et l'ami ont passé respectivement une autre demi-heure, puis trois quarts d'heure à attendre au comptoir qu'on condescende à leur servir une bière à trois euros. Et à la fin du dernier concert, le bar fermait, donc on n'a même pas pu finir d'écouler nos jetons en buvant une dernière bière hors de prix.

Je pardonne facilement les erreurs d'organisation à un festival qui débute, mais quand on fait la place à 31€ pour faire venir C2C et TIKEN JAH FUCKING FAKOLY alors qu'il y a des tas d'autres groupes très bien et sûrement moins chers, bref quand on a l'ambition dévorante de l'espace Darwin, super idée à la base mais qui sent de plus en plus le projet de nantis qui s'achètent une conscience, on se doit d'être irréprochable.

Par contre, les chiottes, nickel.

samedi 16 mars 2013

En transit

J’aime pas Bordeaux.

Rue de la Rousselle


Cette ville est magnifique. Vraiment. Dès le premier abord, elle en impose, avec ses façades sur la Garonne, qui sont majestueuses, somptueuses, sans aucune rupture. Puis on entre dans le coeur de la ville en empruntant une de ses portes, ou en passant par l’entrée des artistes, et on peut alors soit parcourir les axes grandioses et goûter la splendeur de la ville, soit se perdre dans un dédale de rues, qui renferment une atmosphère particulière, différente selon le quartier. C’est cette seconde option que je préfère.

Place de Bir Hakeim


Parfois, on ne sait plus qu’on est dans Bordeaux. On s’est tellement enfoncé dans les entrailles de la ville, dans des venelles que personne n’emprunte, qu’on se demande comment on va retrouver le chemin du retour.

Rue du Muguet


Et là, alors qu’on se croyait seul au monde, on débarque sur une place animée, avec des terrasses pleines, où la rumeur des conversations se mêle aux notes des musiciens roms.

C’est ça que j’adore à Bordeaux. Et pourtant, j’aime pas Bordeaux.

Pont Chaban-Delmas


Ou plutôt, Bordeaux ne m’aime pas. Elle ne veut pas m’accueillir. Elle ne veut pas que je me sente chez moi.

escalier.JPG


Quand je parcours ses rues, que je traverse ses places, elle me tente, mais jamais la promesse ne se concrétise. J’ai envie de vivre dans cette atmosphère, cette ambiance que je ressens. J’ai envie de participer à ces conversations en terrasse. Mais j’ai renoncé à croire que ce sera le cas un jour. Comme dans un jeu cruel, la ville me montre ce que je pourrais vivre en elle pour mieux me le refuser. Se refuser.

Piles du pont Chaban-Delmas


Je l’ai compris l’autre jour. J’arrivais de la rue Teulère, où j’avais goûté la quiétude du quartier, la paix qui s’en dégage ; j’ai débouché rue Saint-James et là, tout à coup, l’animation, les magasins, les gens en terrasse, joyeux. Ça sentait les promesses de printemps, les flâneries le nez au vent, quand on va retrouver ses amis pour boire un verre, et qu’on croise quelqu’un qu’on connaît avec qui on s’arrête cinq minutes pour discuter ; la vie de quartier, qu’on n’a même pas conscience de vivre quand on appartient à quelque part. Je me suis surprise à avoir hâte que le printemps s’installe vraiment, pour pouvoir enfin aller à des concerts en plein air, boire des bières au soleil, préparer des apéros ou simplement se balader en ayant une conversation intime avec quelqu’un.

En bas de la rue, place Fernand-Lafargue, j’ai traversé les éclats de voix, la fumée de clope, les amitiés qui se tissent autour d’un verre pris après une journée de travail, les rires, la musique.


Traversé.

Feu d'artifice pour l'inauguration du pont

jeudi 19 janvier 2012

En cherchant Moustache

Je me balade dans le quartier pour chercher mon chat, j’espère toujours le croiser à un coin de rue. Je m’imagine qu’il est redevenu sauvage et qu’il règne sur son territoire, craint de tous les autres matous, et que je le verrai assis sur un mur, impérial, une balafre lui traversant le visage. Parfois je me le figure même avec un cache-œil, ce qui ne l’empêche pas de me regarder de haut.

Dans ces rues que je n’ai pas l’habitude de parcourir, car rien ne m’y mène habituellement, il y a des petites choses qui attirent mon attention.




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canapé abandonné

En repassant devant ce canapé abandonné hier soir, j’ai vu un très beau chat se faire les griffes dessus. Mais ce n’était pas le mien.

jeudi 18 novembre 2010

Stoi le cageot

Miam.

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