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dimanche 7 juin 2009

Sometimes a brugnon is just a brugnon

Cette nuit, j’avais une bonne demi-heure de retard pour aller bosser alors je m’affolais un peu. J’ai réveillé Vlad qui faisait une sieste et qui m’a donné ses clefs de « voiture ». J’ai aussi pris son casque qui était en réalité un brugnon géant d’une forme étrange et j’ai rejoint le moyen de locomotion, une sorte de cabine haute pour une personne qui marchait au savon.

J’ai découvert le tableau de bord digne d’un avion de ligne sous les quolibets d’un groupe de gens qui me lançaient des choses et qui attendaient de voir si je saurais démarrer. J’y suis finalement parvenue et suis partie le plus vite possible — c’est-à-dire plutôt lentement, vu les capacités de l’engin motorisé qui n’avait, finalement, rien d’un avion.

Sur la route, Philippe Risoli a tenté de me stopper pour me poser des questions pour un sondage ou un jeu, je n’ai pas bien compris. À mesure que je m’éloignais il me criait ses questions en courant derrière moi ; à la fin je l’ai semé en lui faisant un grand signe d’au-revoir.



Maintenant arrêtez de lire des conneries et allez voter — moi j’ai fait une procuration, j’ai une trop grande tendance à me laisser prendre dans des traquenards et à arriver trop tard.

samedi 20 septembre 2008

C'est comment la psychiatrie ?

— Je me souviens, quand à l’hôpital les patients dormaient à dix dans un dortoir… Le matin il fallait changer les lits, ils étaient tellement défoncés qu’il y avait au centre du matelas un creux avec une flaque de pisse et de merde…

— Ah oui, c’est vrai, on enlevait tout ça et on mettait le tout dans le drap le moins sale, et après on balançait ça par la fenêtre du premier étage !

— Moi je me rappelle que là où je travaillais, il y avait un dortoir de dix-sept, les infirmiers pour s’amuser mettaient ceux qui pissaient le plus en haut des lits superposés.

— Une fois, j’ai glissé dans une flaque de pisse, je portais un pot de chambre, je me suis retrouvée le cul dedans ! La fois suivante je me suis pas fait avoir, dès que j’ai senti que je commençais à glisser j’ai balancé le pot de chambre plus loin…

— Ah oui, c’était pas évident des fois, hein ! Quand à sept heures du matin tu te retrouves là-dedans, parfois faut prendre une bonne respiration par la fenêtre…

C’était la parenthèse racoleuse (et authentique) pour introduire mon propos ennuyeux sur la psychiatrie. Mais je vais plutôt vous raconter une histoire, ça sera plus parlant.

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mardi 22 juillet 2008

Monster under the bed

Je vis ici, dans la vieille maison sombre. Je ne sais pas trop ce que je suis ; personne ne me l'a jamais dit. Je ne sais pas non plus à quoi je ressemble. Je ne suis pas sûr que ça m'intéresse.

Je vis sous le lit abandonné, à l'étage. J'aime l'obscurité et la solitude. Là où je suis, il n'y a personne, sauf parfois la jeune fille qui monte et allume la lumière. Alors je me tapis le plus loin possible sous le lit, le plus loin possible de la lumière. Elle ne reste jamais longtemps, de toute façon. Elle plie des choses, elle fait du bruit, parfois elle tousse, je n'aime pas ça.

De temps en temps, lorsqu'il fait noir dans la maison, je sors de ma cachette. J'ai besoin de me mouvoir, de sentir que j'ai toujours un corps. J'arrive à être silencieux, c'est agréable. Je parcours le couloir, je sens le sol froid.

Lorsque j'arrive en haut de l'escalier, je peux parfois entendre la vieille dame sucer des bonbons. Elle passe de longues heures là, assise dans son fauteuil, dans le noir. Parfois elle se penche et attrape son verre. Elle boit maladroitement. Souvent, elle le renverse en le reposant et ne s'en aperçoit même pas. Elle soupire, elle s'ennuie.

La vieille dame, je crois qu'elle est un peu comme moi. Elle n'aime pas la lumière, elle proteste lorsque la jeune fille, en arrivant, ouvre les volets. Elle n'aime pas non plus le bruit. Je crois qu'elle comprend mal ce qu'on lui dit, alors les gens hurlent, ils ne s'aperçoivent pas que ça lui casse les oreilles. La vieille dame est silencieuse, elle aspire à la tranquillité. Elle aimerait qu'on la laisse, qu'on ne l'empêche pas d'aller dormir. Les gens ont peur du silence alors ils la réveillent, ils lui parlent, ils font entrer le soleil, ils l'embêtent.

La jeune fille, elle a peur de trouver la dame morte en arrivant. Je le sais. Il suffit de voir comme elle soupire de soulagement en l'entendant respirer. Moi je vois tout, j'entends tout. Elle réveille la vieille dame, elle l'arrache à son fauteuil, elle crie, souvent je vais me réfugier sous le lit parce que ça me dérange.

Elle a aussi peur de moi. Lorsqu'elle monte et qu'elle entre dans la pièce, je l'entends marmonner : Je déteste cet endroit. Elle se tient loin du lit parce qu'elle sait que j'y suis. Tant mieux si elle a peur.

Bientôt la vieille dame va mourir. Je le sais. Je sens tout. Alors je serai tranquille.

vendredi 1 février 2008

La moustache

Je pousse la porte de l’échoppe crasseuse et entre, pas rassurée. Des mètres de rayonnages se dressent dans la semi-obscurité. On distingue au fond un comptoir derrière lequel se tient un type à la mine patibulaire.
Une touriste entre. Merde. J’attends qu’elle s’aperçoive qu’elle n’a rien à faire ici, feignant de chercher quelque chose sur les étagères. Mais je sais parfaitement que ce que je cherche ne se trouve pas à la portée du regard. La touriste ne part pas, elle farfouille dans les bacs, à l’entrée. Quelle plaie. Le type garde un masque inexpressif, il n’a pas bougé depuis que je suis entrée. Statue de cire inquiétante.
La gourde finit par partir, sans doute découragée par l’inhospitalité du lieu. Tant mieux.
Je vérifie qu’il n’y a plus personne et m’approche du comptoir en jetant des coups d’oeil furtifs autour de moi. Le type me fait face mais ne bouge toujours pas. Semble voir à travers moi. Totalement absent.

Je cherche une moustache.

Je l’ai dit tout bas, de manière presque inaudible, avec des airs étudiés de conspiratrice. Ma phrase n’a pas l’effet escompté car le molosse ne bouge toujours pas. J’attends un peu et m’apprête à répéter, mais il finit par s’animer et se retourne pour ouvrir un tiroir derrière lui. Il en pose le contenu devant moi avec d’infinies précautions. Mes yeux s’écarquillent.
C’est parfait. Parfait.
Je lui tends mon AmEx mais il refuse d’un signe de tête. Évidemment. Je le paye en liquide, planque le trésor sous mon imper et sors de ce trou à rats.
En sortant, je frôle un tablier avec une paire de faux seins. Quelque chose est écrit dessus.
Si vous faites la vaisselle, j’enlève le bas.