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Mot-clé - Maladie

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mardi 8 juin 2010

Mme F.

Mme F., hilare, raconte :
« Je suis allée voir mon assureur, il tirait une tête ! Alors je lui demande ce qui va pas, et il dit… il dit… (Elle est absolument morte de rire) Il dit ma femme m’a quitté, elle m’a trompé ! (Pause, le temps qu’elle se remette de son fou rire ; la secrétaire et moi la regardons d’un oeil rond) Alors je lui dis, ben c’est bien, vous allez pouvoir jouer au Loto ou au tiercé ! Alors il tirait une tête, alors je lui dis, ben quoi, vous préférez être cocu, ou qu’on vous annonce que vous avez un cancer ? (Elle se remet à rire et cette fois on rigole avec elle, parce qu’après tout, elle a raison. Et elle sait de quoi elle parle, de quoi elle rit.) »

jeudi 4 février 2010

Les mots des autres

Oui, je poste alors qu’on n’a pas encore de nouveau chauffage, mais :

  • Avez-vous remarqué comme on poste toujours plus que jamais lorsqu’on vient d’annoncer qu’on ne posterait plus ? Suivez mon regard.
  • Notre radiateur, qui ne chauffait pas lorsqu’il faisait onze dans l’appart’, a décidé de se réveiller alors que les températures remontent. Mon chauffage, en fait, il est pas cassé, il est bête. En tout cas mes doigts, hier gourds, sont redevenus guillerets et virevoltent sur le clavier tels des colibris.

Fin de l’introduction justificative.

En ce moment, n’ayant pas grand-chose à faire de mes jambes, ni de mes oreilles, ni de mes yeux, ni de mon sourire, je me rends chaque semaine dans un lieu qui reçoit des gens malades pour les accueillir, leur faire un café, parler avec eux et surtout les écouter. Entre deux portes, avant l’activité pour laquelle ils sont venus, ils sympathisent, se tutoient très vite, bavardent comme des pies ; ils partagent quelque chose qu’on ne connaît pas si on n’a jamais vécu la maladie et ça les rapproche, ça explique leur familiarité quasi instantanée.
« Tiens, tu es de là-bas ? J’habite juste à côté ! La prochaine fois je pourrai t’emmener. »
« J’ai eu X au téléphone, elle n’a pas voulu venir aujourd’hui, elle n’avait pas le moral… »
L’une montre sur son portable les photos de ses chiens, qui l’ont tant aidée pendant ses journées de solitude ; l’autre parle de son médecin, ça échange des nouvelles, on se raconte où on en est dans les traitements. La plupart du temps, j’ai l’impression que je pourrais très bien ne pas être là, et ça me fait plaisir, car je vois que ces personnes passent un bon moment ensemble, que la magie opère sans qu’on ait besoin d’intervenir, de lancer une conversation. Et parfois une discussion à deux se noue, une personne me raconte sa maladie, son quotidien.

Ensuite, lorsque le tourbillon est passé, que les éclats de voix et les rires se prolongent dans la salle à côté, pendant l’activité, ou même plus tard quand je suis rentrée chez moi, je note tout.


Je ne sais pas très bien pourquoi je fais ça. Ça ne sert à rien, personne d’autre que moi ne lira jamais ce carnet. Si ça se trouve, pas même moi.

Mais j’ai l’impression que c’est une question de respect pour ces mots qu’on me confie — quel beau mot, (se) confier —, je n’aime pas l’idée de laisser ces paroles s’envoler sans être inscrites quelque part.