Mot-clé - Maladie
mardi 8 juin 2010
Mme F.
Par Araignée le mardi 8 juin 2010, 13:32
jeudi 4 février 2010
Les mots des autres
Par Araignée le jeudi 4 février 2010, 16:13
Oui, je poste alors qu’on n’a pas encore de nouveau chauffage, mais :
- Avez-vous remarqué comme on poste toujours plus que jamais lorsqu’on vient d’annoncer qu’on ne posterait plus ? Suivez mon regard.
- Notre radiateur, qui ne chauffait pas lorsqu’il faisait onze dans l’appart’, a décidé de se réveiller alors que les températures remontent. Mon chauffage, en fait, il est pas cassé, il est bête. En tout cas mes doigts, hier gourds, sont redevenus guillerets et virevoltent sur le clavier tels des colibris.
Fin de l’introduction justificative.
En ce moment, n’ayant pas grand-chose à faire de mes jambes, ni de mes oreilles, ni de mes yeux, ni de mon sourire, je me rends chaque semaine dans un lieu qui reçoit des gens malades pour les accueillir, leur faire un café, parler avec eux et surtout les écouter. Entre deux portes, avant l’activité pour laquelle ils sont venus, ils sympathisent, se tutoient très vite, bavardent comme des pies ; ils partagent quelque chose qu’on ne connaît pas si on n’a jamais vécu la maladie et ça les rapproche, ça explique leur familiarité quasi instantanée.« Tiens, tu es de là-bas ? J’habite juste à côté ! La prochaine fois je pourrai t’emmener. »
« J’ai eu X au téléphone, elle n’a pas voulu venir aujourd’hui, elle n’avait pas le moral… »
L’une montre sur son portable les photos de ses chiens, qui l’ont tant aidée pendant ses journées de solitude ; l’autre parle de son médecin, ça échange des nouvelles, on se raconte où on en est dans les traitements. La plupart du temps, j’ai l’impression que je pourrais très bien ne pas être là, et ça me fait plaisir, car je vois que ces personnes passent un bon moment ensemble, que la magie opère sans qu’on ait besoin d’intervenir, de lancer une conversation. Et parfois une discussion à deux se noue, une personne me raconte sa maladie, son quotidien.
Ensuite, lorsque le tourbillon est passé, que les éclats de voix et les rires se prolongent dans la salle à côté, pendant l’activité, ou même plus tard quand je suis rentrée chez moi, je note tout.
Je ne sais pas très bien pourquoi je fais ça. Ça ne sert à rien, personne d’autre que moi ne lira jamais ce carnet. Si ça se trouve, pas même moi.
Mais j’ai l’impression que c’est une question de respect pour ces mots qu’on me confie — quel beau mot, (se) confier —, je n’aime pas l’idée de laisser ces paroles s’envoler sans être inscrites quelque part.