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Savez-vous que dans la tête d'une langoustine, à condition que celle-ci soit femelle, se trouve du corail ? On appelle ainsi un amas de matière orangée, comestible, bien que pour ma part je ne l'aie jamais apprécié en raison sans doute de sa localisation dans le corps de la bestiole (les dégoûts alimentaires sont décidément illogiques). Alors, lorsque je mangeais encore des animaux, et qu'il y en avait au menu d'un dîner en famille, je jetais la tête pleine dans le bol des déchets, dont le tas s'élevait au fur et à mesure de l'opération de décorticage effectuée en silence par les convives besogneux ; ma mère, qui n'est pas connue pour ses tendances au gaspillage, triait dans le tas de carapaces démantibulées pour y repêcher les trésors que, trop gâtés, négligents, nous avions dédaignés ; et elle se régalait de ce précieux corail en aspirant avec délices les cavités capitales.

Mais la voisine Suzanne, elle, ne goûte pas le corail des langoustines.

Suzanne se trouve avoir un perroquet, qu'enfant j'entendais siffler par la fenêtre ouverte ; j'entendais surtout son maître essayer de lui apprendre des airs, et généralement échouer.

Si vous passez rue Mauduit-Duplessis un jour, vous saurez qu'y réside le seul perroquet au monde qui, le jour du poisson, se régale de corail.